Le co-working, activeur de bien-être
Sarah Mokaddem et Sinda Mhiri, respectivement Maître de conférence et Chercheuse associée, ont récemment pris le tiers-lieux Sceaux smart comme lieu de recherche et d’investigation in vivo. Leur étude des effets du co-working sur le bien-être au travail visait à répondre à la question « Dans quelle mesure le recours aux dispositifs émergents de travail collaboratifs favorise-t-il le bien-être des co-workers ? La synthèse de leurs séances d’observation participante, de leur analyse documentaire et des entretiens semi-directifs menés avec les co-workers ainsi qu’avec la gestionnaire/fondatrice de l’espace, a été été consignée dans la revue Management & Sciences Sociales n°22 (Janvier-Juin 2017) « Mieux-être au travail : repenser le management et l’émergence de la personne« . La contribution de cette étude dans le champ des Sciences de gestion a trait à l’articulation de 2 éléments qui n’avaient jusqu’alors pas été mis en relation : les espaces de co-working et le bien-être au travail.
Télécharger la synthèse d’étude Le co-working comme alternative émergente pour promouvoir le bien-être au travail in Mokaddem, S., Mhiri, S. (1997). Mieux-être au travail : repenser le management et l’émergence de la personne. Management & Sciences Sociales, n°22, 73-89.
Interview avec Valérie Andrade*, cofondatrice et directrice de Sceaux smart.
Dans l’article publié, les chercheuses mettent l’accent sur le rôle crucial de l’équipe de management de l’espace de co-working pour ce qui concerne les relations entre les utilisateurs et l’innovation. Le rôle que vous tenez est qualifié par les chercheuses d’animatrice/accompagnatrice/facilitatrice des relations, de l’émulation et de l’innovation. Merci d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Quels sont les éléments qui différencient Sceaux smart des autres tiers-lieux ?
Valérie Andrade : Sceaux smart est à la fois un lieu, une communauté et une plateforme de services lieu qui présentent 3 particularités :
- un fort ancrage local animé dynamiquement tel un écosystème territorial,
- un espace co-construit par des citoyens, des collectivités, des entreprises et des organisations,
- une connexion dès sa création, avec les écoles et universités locales.
Avez-vous des anecdotes à partager au sujet de l’aménagement et de la décoration de l’espace ?
Valérie Andrade : Avant d’ouvrir l’espace, nous avions animé des workhops avec des citoyens, l’un d’entre-deux consistait justement à définir l’aménagement et la décoration du site. Les idées de décoration reprenaient des marqueurs forts de la ville : la rue piétonne, ses commerces, le château…
Quand est arrivé le moment de commander de quoi meubler l’espace, le mobilier de bureau classique ne nous donnait pas satisfaction. Un entrepreneur du groupe nous a challengé en nous mettant au défi de trouver des meubles à moitié prix. Finalement, nous avons mixé entre du neuf et de l’occasion. Le fauteuil Ovo, sélectionné pour son caractère enveloppant, est devenu un des emblèmes du site.
Une citoyenne talentueuse a joué un rôle moteur dans l’ambiance du site, en proposant des plans 3D, en dessinant des croquis d’ambiance. En interagissant sur ses créations, nous avons créé de toutes pièces un nouveau site identitaire dans la ville avec sa propre ambiance. Elle est encore aujourd’hui la garante de cette identité.
Lors de notre inauguration, un coworker qui travaille avec la Chine, nous a offert un chat coloré avec une patte dynamique animée. Il nous a indiqué en nous l’offrant, que ce type d’objet était offert en Chine aux commerces pour leur porter chance dans leur développement et en précisant que c’est ce qu’il nous souhaitait pour Sceaux smart. C’est une unicité étrange, en rupture avec notre décoration. Honnêtement, nous avons hésité à le peindre en blanc pour qu’il soit en harmonie avec les couleurs du site. Aujourd’hui, il a trouvé sa place et fait partie des anecdotes du site quand on nous interroge sur sa présence.
Quel bilan tirez-vous de 2 ans 1/2 d’existence de Sceaux smart ?
Valérie Andrade : Le bilan est positif. Humainement, c’est très riche. C’est par exemple aider et voir évoluer un entrepreneur qui a son tour en aide d’autres, ou encore accueillir les premiers salariés d’une entreprise qui se développe et réorganiser le lieu pour les installer.
Côté financier, c’est un modèle économique complexe du fait de la flexibilité qu’il offre. Il est difficilement prévisible de connaître à l’avance qui sera présent parmi les nomades. Cela nous pousse à rechercher en permanence des alternatives créatives à inventer des formats, des services qui les incitent à venir, à rester et à faire venir de nouvelles personnes. La fidélité de nos coworkers et le soutien du Conseil Départemental des Hauts-de-Seine ainsi que de la Ville de Sceaux sont encore des éléments clés dans l’atteinte de notre équilibre financier.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui s’interrogent sur la possibilité de recourir au co-working ?
Valérie Andrade : Venez tenter l’expérience ! La plupart des espaces offrent des journées d’essai.
Le coworking est une alternative de travail qui redonne du sens à ce que l’on entreprend.
La bienveillance de ses occupants fait que c’est un lieu où l’on se sent en confiance et donc dans des dispositions pour être potentiellement plus audacieux. Que l’on soit un salarié, un entrepreneur, une équipe, un enseignant, un étudiant, un chercheur d’emploi, la diversité des profils et des activités sont autant d’opportunités de connexion, de stimulation et de création de valeur.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Valérie Andrade : De toute évidence, nous allons continuer améliorer l’expérience client sur toutes les étapes de son parcours, de l’idée même du projet à l’accélération de l’activité. Cela passera en grande partie par le développement de notre écosystème, et par le fait de s’entourer de professionnels de talents et bienveillants. Nous voulons passer du tremplin à l’accélérateur. Nous avons identifié 4 axes possibles que nous explorons au fil des mois au travers de prototypes et d’expérimentations. C’est important pour nous de toujours aller chercher l’innovation d’après, et de garder une longueur d’avance.
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* Valérie Andrade – Fondatrice et responsable de Sceaux smart.
Dynamisme, créativité, détermination, leadership et enthousiasme communicatif sont les caractéristiques majeures de sa personnalité. Elle est diplômée d’une école de commerce, spécialité marketing stratégique, renforcée par les CESA HEC, direction marketing puis stratégie de communication et corporate réputation.
Elle a exercé dans les métiers du commerce, du marketing et de la communication. Passionnée par les RH et les transformations qui modernisent le travail et le quotidien des salariés et des entrepreneurs, elle a récemment co-fondé, en partenariat avec des citoyens, des collectivités, des écoles et des entreprises, le tiers lieu d’émulation et d’innovation pour lequel elle est au quotidien à temps partiel l’animateur, le connecteur et le facilitateur.
Elle y déploie ses compétences marketing, son expérience professionnelle et des techniques participatives, tel un modèle de fabriques et d’un travailler autrement.
Elle accompagne également (en solo ou en équipe), des entreprises sur des missions de conseil en stratégie et innovation. Elle intervient notamment pour la conception et le déploiement de produits ou de services, la réalisation de diagnostics, du conseil en stratégie de communication, le développement d’écosystèmes et de partenariats ainsi que pour l’élaboration et la mise en œuvre de plans d’actions en marketing, ventes et communication.